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⚽ IVRE, LE PRÉFET INTERDIT LES SUPPORTERS NANTAIS DE CIRCULER A NANTES !

février 10, 2022

Nantaises, Nantais : vous n’aurez pas le droit au centre-ville aujourd’hui


La folie répressive a cela de fascinant qu’elle peut tourner au comique, lorsqu’elle se caricature elle-même. C’est le cas du nouvel arrêté pondu pour le match Nantes – Bastia, ce soir à 21h au stade de la Beaujoire – et nulle part ailleurs.

Ce n’est pas un secret : les stades et déplacements de supporters sont un laboratoire de la répression, et un terrain sous haute surveillance des autorités. Ces dernières années mutilations et peines de prisons se sont accentuées sur les ultras (ou considérés comme tels). Opérations de «maintien de l’ordre» pour un simple déplacement, fouilles, humiliations, auxquelles s’ajoute la présence de brigades policières au sein même de la tribune, les tristes S.I.R – Sections d’Intervention Rapide, chargée de réprimer dans les stades. Mais une des armes de prédilection en matière de mesures liberticides reste l’interdiction… de paraître.

En effet, une mode lancée par les préfectures consiste à interdire à la circulation «toutes les personnes se prévalant de la qualité de supporters de [insérer nom du club]». Plus de questions d’aménagement, plus de dispositifs à penser : le simple droit de marcher dans la rue est annulé.

Si cette mesure déjà honteuse existait auparavant, elle visait les visiteurs et visiteuses qui seraient alors de passage pour le match.
Mais dans un désir de montrer que le pire est toujours possible, Didier Martin, fier préfet de Loire-Atlantique, et son sous-fifre François Drape, ont décidé de quitter le réel. Soirée trop arrosée ou véritable ivresse répressive, toujours est-il que la décision est tombée : le centre-ville de Nantes sera… interdit aux supporters du FCN !

Outre la bêtise évidente de cette décision, il faut aussi en rappeler les contours : le fait de se «prévaloir de la qualité de supporter» est hautement subjectif et laissé à la bonne appréciation des forces de l’ordre. Va-t-on surveiller les paroles, les chants dans la rue ? Le port de votre pull jaune préféré est-il à réexaminer pour aujourd’hui, sous risque de garde à vue ?

Les raisons invoquées sont risibles. À vrai dire, la préfecture n’a pas été jusqu’à inventer une chaude rivalité historique corso-bretonne pour justifier cet arrêté. Le match lui-même semble détaché du sujet du jour. En vrac, sont invoqués la fin de la jauge limitant le nombre de personnes – c’est-à-dire un simple retour à la normale –, la menace terroriste pesant sur les policiers, et le fait que «les supporters nantais se trouvent toujours dans une phase de contestation envers la direction» et que ceux-ci, tenez-vous bien, pourraient… «de nouveau manifester leur hostilité à la présidence du club».

L’association Nationale des Supporters a rapidement réagi et protesté auprès du juge des référés, rappelant que cette mesure menace toute personne identifiée en tant que supporter du FCN dans sa propre ville de «six mois d’emprisonnement, une amende de 30 000 € et 5 ans d’interdiction de stade avec pointage».

L’absurde est atteint. Si pour le club la course à l’Europe est encore loin, notre ville peut néanmoins se targuer d’avoir remporté la Champion’s League des arrêté préfectoraux. On sourira en se disant que la couleur jaune, qu’elle soit en maillot ou en gilet, semble réellement détestée par les autorités locales. Mais derrière cette situation ridicule, il apparaît important de ne jamais normaliser ces graves atteintes à la liberté de supporter, comme à celle de circuler.

Nos passions ne s’intégreront jamais dans le monde aseptisé et fliqué que fantasment des élites totalement déconnectées de la population, qu’elles entendent pourtant contrôler.