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? EN PLEINE VAGUE DE SOLIDARITÉ AVEC L’UKRAINE : UNE FAMILLE DE RÉFUGIÉS À LA RUE À NANTES

mars 5, 2022

Appel à soutien urgent : «Dans notre pays d’origine, si on revient on nous tue»


Alors qu’on peut se féliciter du zèle avec lequel la métropole nantaise prépare l’accueil des réfugié.e.s venu.e.s d’Ukraine ces derniers jours, il semblerait qu’une amnésie frappe la maire de Nantes concernant son engagement à héberger toutes les autres personnes qui ont dû fuir leur pays d’origine, notamment les mineur.e.s. Actuellement, plusieurs familles dorment dans les rues de Nantes avec leurs enfants, souvent en bas âge. C’est le cas de S. et P. ainsi que leurs garçons âgés de 2 et 4 ans.

Après avoir tenté d’activer l’ensemble des dispositifs officiels, puis les réseaux d’aide associatifs, exsangues à force de palier aux devoirs des pouvoirs publics et sans moyen d’hébergement après les fermetures brutales de lieux de vie comme la Maison Du Peuple, iels sont toujours sans domicile. Nous avons rencontré cette famille qui aujourd’hui lance un appel à la solidarité et cherche des personnes en mesure de les accueillir les prochains jours. Devant la gare où iels se réfugient le soir avec leurs deux jeunes enfants, S. et P. nous témoignent leur détresse. Avec cette famille, quelques sacs en guise de bagages, un chariot, une poussette canne, et une liasse colossale de documents qui contiennent chacune de leurs tentatives pour obtenir une vie décente.

Iels viennent d’appeler une fois encore le SAMU social sans succès : « Ils nous donnent des couvertures et c’est tout. ». La situation est la même depuis des semaines. « Les institutions nous disent de repartir chez nous ! Mais nous n’avons pas de chez nous : le CADA qui nous hébergeait dans un autre département nous a dit de partir. Dans notre pays d’origine, si on revient on nous tue. Nous avons eu la chance de survivre en arrivant en Europe, et je ne veux pas parler de la traversée, c’est trop dur. »

Ces derniers jours l’élan de solidarité envers les personnes ukrainiennes blanches donne à penser qu’une gradation existe entre les refugié.e.s : scandaleusement raciste…! « Depuis 2018 on est en France. On fait toutes les démarches. On ne comprend pas. Quand tu es noir.e on ne veut pas de toi. Avec les nouvelles en Ukraine, on se sent encore plus rejeté.e.s. On sait que des lieux ouvrent. Mais pas pour nos enfants. Pas pour moi qui suis enceinte. »

Après deux fausses couches ces derniers mois, S. a peur de vivre à nouveau un tel drame. Elle sait que ses conditions de vie sont extrêmement dangereuses pour une femme enceinte. « Les enfants ont froid. Il est 21h et on est dehors. C’est trop dur pour eux. » Malgré ces conditions de vie, le plus âgé des enfants va à l’école en petite section dans le centre ville. S. et P. sont ravi.e.s que leur fils puisse suivre une scolarité, même temporaire. Mais cela veut également dire que la mairie ne peut ignorer leur situation et qu’elle choisit de laisser repartir cet enfant dans la rue chaque soir : un acte délibérément barbare quand on connaît le nombre de bâtiments vides à Nantes !

De plus, la famille a une nouvelle contrainte : trouver un hébergement aux abords du centre-ville. Sans prise en charge par les pouvoirs publics, S. et P. sont en recherche d’une solution pour elleux et leurs enfants dans les jours et les semaines à venir. N’hésitez pas à nous écrire si vous êtes en mesure de leur apporter de l’aide, nous nous ferons leur relais. Les réfugié.e.s doivent être les bienvenu.e.s d’où qu’iels viennent !