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? RACISME, VOLS, HUMILIATIONS : DES CENTAINES D’AGRESSIONS POLICIERES AU TRIBUNAL DE PARIS !

juillet 27, 2020

« Pour certains faits, on peut presque parler de torture »

Nos confrères de Street Press sortent une grande enquête sur un système de violences policières au Tribunal de Paris. Un brigadier et plusieurs centaines de documents révèlent « un vaste système de maltraitance raciste dans les cellules du tribunal », touchant des centaines, voire des milliers de détenus. Un scandale d’État énorme.

« L’immense bâtisse de verre se dresse sur 38 étages en direction du ciel. Et, on le sait moins, trois niveaux souterrains. Le plus grand tribunal d’Europe où chaque jour se pressent près de 9.000 personnes. C’est au premier et second sous-sol que se cache le dépôt, théâtre de la plupart des faits que révèle cette enquête. Une enfilade de cellules aux murs blancs privées de lumière naturelle où les déférés sont enfermés avant et après leurs passages devant le juge. Au total près de 200 fonctionnaires de police sont chargés de surveiller jour et nuit les 120 cellules. C’est dans ce sous-sol aseptisé, mais aussi précédemment dans celui insalubre de l’ancien tribunal qu’une vingtaine de fonctionnaires en poste la nuit ont fait régner la terreur pendant plus de deux ans. »

? Dans les cellules du dépôt plus d’un millier de personnes ont subi de la part de policiers, humiliations, insultes souvent racistes ou homophobes, privations de nourritures ou d’eau, refus de soins médicaux… Des détenus ne parlant pas français auraient été dépouillés de leur argent et de leur matériel.

?« Au total, sur un peu plus de deux ans, plus de mille prévenus ont été maltraités. C’est même sans doute plus », dénonce le brigadier-chef Benmohamed. Pour Arié Alimi, avocat du lanceur d’alerte, « les faits dénoncés, d’une gravité sans précédent, révélant un système délictuel et d’impunités à l’égard de leurs auteurs, entachent d’indignité toute la justice pénale du TGI ainsi que les décisions qui y sont rendues. »

? Dans ce sous-sol, certains fonctionnaires sont en roue-libre et s’en prennent même à leurs collègues, avec des cas de harcèlement sexuel et de racisme entre agents. Même l’IGPN s’en est inquiété. Sans qu’aucune sanction ne soit prise. « Les principaux mis en causes ont même vu leur carrière progresser »

? Le genre de propos tenus par les policiers aux détenus : « on en a marre des bougnoules, c’est eux qui nous font chier en France. ». « Ferme ta gueule, sale bougnoule », « nègro », « sale race », insultes homophobes, ou les plus terribles encore : « Je te lancerais tout ça dans la Seine. » « Si on me laissait faire, je mettrais le feu à toutes ces merguez. » Tous les déférés sont appelés « bâtards ». L’une des policières a même utilisé le microphone pour réveiller l’ensemble des personnes en cellules en hurlant : « Allez debout les bougnoules et les négros, c’est fini de dormir, on se réveille. »

? Le lanceur d’alerte explique l’ambiance particulière depuis 2015 : « Ils se sont engagés en réaction aux attentats. Pour schématiser, certains sont là pour défendre l’occident chrétien en péril. Le niveau de racisme y est assez élevé. »- Les prévenus sont souvent privés d’eau, de nourriture, des personnes convoquées placées en cellule gratuitement. Certains fonctionnaires auraient pris l’habitude de cracher dans les barquettes de repas ou de les jeter par terre « comme à des chiens ». À certains retenus musulmans, ils font aussi croire que la nourriture contient du porc, afin qu’ils se privent eux-mêmes de repas. Les agents ont aussi privé les prévenus de visite médicale, ou coupé la ventilation dans les cellules pour les transformés en cocotte minute étouffante. De la torture.

? Des jeunes policiers ont volé à plusieurs reprises le matériel des prévenu, dépensant l’argent des fouilles ou récupérant les téléphones et les ordinateurs, voire des quantités importantes stupéfiants. Sur de son impunité, un agent a dit : « T’inquiète, j’ai l’habitude, c’est la parole d’un bâtard contre la nôtre et je ne prends que des mecs qui ne parlent pas un mot de français. »

? Les avocats confirment les faits. « Sur les 20 robes noires contactées, dix confirment à StreetPress avoir eu de tels retours. « Des comportements très régulièrement relatés » pour maître Philippe-Henri Honegger. « Une permanence sur deux, j’ai des clients qui se plaignent de ne pas avoir eu à manger ». Des documents internes corroborent aussi ces faits gravissimes.

? Les agents dénoncés, y compris pour avoir harcelé leurs propres collègues, n’ont jamais été sanctionnés. Cela fait plusieurs années que cela dure, et certains ont même été promus, sont montés en grade, et ont obtenu les affectations qu’ils demandaient.


L’enquête complète et d’utilité publique ici : https://www.streetpress.com/sujet/1595760037-policier-revele-centaines-cas-maltraitance-racisme-dans-tgi-paris-police-justice-prefecture-violences