Nantes Révoltée

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? CONVOI DE LA LIBERTÉ : LE MOUVEMENT QUI VEUT EMMERDER MACRON

février 9, 2022

Des centaines de milliers de personnes appellent à bloquer Paris et Bruxelles parce que
«l’urgence est démocratique, sociale, écologique, l’accès aux soins pour tous et non sécuritaire»


Gros désordre depuis deux semaines au Canada, et en particulier dans la capitale, Ottawa, paisible métropole. Depuis douze jours, des centaines de camions et des milliers de personnes paralysent le cœur de la ville et la population ravitaille les bloqueur-ses pour faire durer le mouvement. Une situation inédite pour le Canada. Il s’agit du «convoi de la Liberté». Le maire de la ville a décrété l’état d’urgence et réclamé au gouvernement 1800 policiers supplémentaires «pour réprimer l’insurrection que la police est incapable de contenir». La cagnotte du mouvement, plusieurs millions de dollars, a été saisie.

Le premier ministre Justin Trudeau est apparu terrifié par cette déferlante à proximité des lieux de pouvoir. Depuis deux jours, des camionneur-ses et manifestant-es bloquent un pont qui relie le Canada et les États-Unis : un point stratégique qui voit passer quotidiennement 323 millions de dollars de marchandises. Le Premier Ministre de la Province de l’Alberta a déjà annoncé la fin du Pass vaccinal dès aujourd’hui. Au Canada, le succès des blocages tient grâce à la mobilisation de camionneur-ses «indépendant-es» et leur capacité à bloquer les artères d’une grande ville durablement en étant approvisionné.

Blocages stratégiques, mise à l’arrêt de l’économie, pouvoir tétanisé. Avec son intelligence tactique, le mouvement canadien peut rappeler, vu de France, le mouvement des Gilets Jaunes. Mais derrière l’hétérogénéité de cette mobilisation qui a démarré contre l’obligation vaccinale des camionneur-ses et qui s’est étendue contre le gouvernement, des groupes douteux profitent de la confusion : des islamophobes du groupe La Meute ou des collectifs pro-Trump s’emparent de l’absence de ligne claire pour s’afficher. Ce qui arrange le pouvoir, qui peut ainsi désigner la mobilisation comme étant «complotiste», «antivax» et «d’extrême droite» pour la diaboliser. Comme l’a fait Macron au début des Gilets Jaunes.

➡️ ET EN FRANCE ?

Un «convoi de la Liberté» commence dès aujourd’hui. Partant de toute la France, il doit rejoindre Paris ce week-end avant de se tourner vers la capitale de l’Europe : Bruxelles. Dans notre pays, l’initiative rencontre un énorme écho sur les réseaux sociaux. Le groupe Facebook principal, lancé par un Gilet Jaune qui dit participer aux luttes sociales depuis la Loi Travail, comptabilise déjà 300 000 participant-es. Davantage que les groupes créés pour lancer les Gilets Jaunes en novembre 2018. Parmi les revendications, évidemment, le retrait des «Pass», mais aussi de nombreuses protestations contre la hausse des prix, pour la démocratie… Un communiqué du groupe «France Convoy» indique que «l’urgence est démocratique, sociale, écologique, l’accès aux soins pour tous et non sécuritaire». Aucun syndicat, aucun parti, mais un cri de colère protéiforme venu de nombreux anonymes.

Comme lors des Gilets Jaunes, il ne sert donc à rien de critiquer à priori «l’impureté» de cette mobilisation, mais plutôt de veiller à ce que le mouvement aille vers l’anticapitalisme et la défense des libertés. Qui peut nier l’urgence de luttes puissantes, surtout dans cette période de campagne électorale putride ? Qui peut tolérer l’apathie générale malgré la gravité de la situation ?

➡️ QUEL EST LE PROGRAMME ?

Des groupes de véhicules prennent la route dès ce mercredi à vitesse réduite pour rejoindre Paris, vendredi et samedi, avant de converger vers Bruxelles. L’objectif est de paralyser les axes de circulation, sur le modèle canadien. Et comme dans tout mouvement, il y a différentes sensibilités, plus ou moins radicales : blocage total ou partiel ? Pacifisme ou autodéfense face à la police ? Rien n’est encore tranché.
Si la répression des autorités canadiennes a été relativement tranquille, celle de l’État français s’annonce plus brutale. Gérald Darmanin annonce déjà une «réponse extrêmement ferme» avec des «moyens importants» pour prévenir des blocages et des «gendarmes très mobilisés pour ne jamais laisser entraver la liberté de circulation».


? Ce mercredi 9 février et jeudi 10, des convois partent de partout en France. À Nantes, un départ est fixé vendredi à 9h du parking Carrefour La Beaujoire, suivi d’un «ralliement» en fin de matinée aux Portes d’Angers, avant d’aller vers Paris.

? Le week-end des 12 et 13, tout le monde se retrouve dans la capitale, notamment pour rejoindre la manifestation du samedi.

? Enfin, une arrivée à Bruxelles et convergence européenne est annoncée partir du 14 février.

Quel que soit l’ampleur réelle de ces convois, une chose est sure : les formes traditionnelles de protestation ne font absolument pas peur au régime néolibéral et autoritaire. Par contre, lorsque les blocages se généralisent, que les lieux de pouvoir sont ciblés, que l’économie est menacée, les puissants tendent l’oreille. C’est ce que projette le «convoi de la Liberté».


La carte des «convois de la Liberté» ici : https://convois.fr/?fbclid=IwAR0GcteAWqxMKuz9JnVu5DYE5ZNGuCCnhzJrMbD1F-ICalYIo5YFziM92rI