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?? ELECTIONS AUX USA : UN RICHE VIEUX DE DROITE REMPLACE UN RICHE VIEUX D’EXTRÊME DROITE

novembre 7, 2020

– Les USA nous offrent un remake à grand spectacle de la finale Macron/Le Pen. Autopsie du nouveau pouvoir –

La planète médiatique pulse depuis 4 jours au rythme d’un improbable « match » électoral aux Etats-Unis. Dans la première puissance mondiale, les résultats sont diffusés en temps réel avant le dépouillement définitif. Comme dans un match de football ou un mauvais jeu télévisé, le résultat évolue en direct, le suspense est volontairement entretenu : le sommet de la politique spectacle. Les 2 candidats pré-sélectionnés sont un presque octogénaire de droite, Joe Biden, et un milliardaire d’extrême droite presque aussi âgé, Donald Trump. Le rêve. Et derrière eux, des campagnes de publicités à plusieurs dizaines de millions de dollars, des opérations de marketing, des appareils politiques gigantesques, des batteries de conseillers … Et un scrutin particulier, avec un système de vote par correspondance, et 4 jours pour compter les bulletins ! La conclusion de ce grand sketch est la victoire du candidat démocrate sur fond de chantage électoral. Donald Trump devra donc quitter la présidence en janvier 2021, dans trois mois. Mais près d’un américain sur deux a voté pour un candidat d’extrême droite, raciste et misogyne, soutenu par des milices armées. Plus de 70 millions de personnes ont voté Républicain, et le Trumpisme est plus puissant ce soir qu’il y a 4 ans.

➡️ Qui est Joe Biden ? On pourrait résumer son pedigree avec cette déclaration incroyable faite à propos des crimes policiers contre les noirs : « au lieu de tirer pour tuer, vous leur tirez dans la jambe ». Une phrase qui en dit long : il ne s’agit ni de lutter contre le racisme, ni contre les violences d’Etat, mais « d’aménager » les violences policières pour qu’elles restent dans les limites de « l’acceptable ». Biden est un vieux politicien de la droite du parti Démocrate, au cœur du pouvoir depuis des décennies. Il a voté la guerre Irak et soutenu les bombardements en Libye, voté le « patriot act » – des lois liberticides après le 11 septembre –, s’est opposé à la sécurité sociale et a soutenu les coupes dans le budget de la santé. Il a voté en1986 une loi qui facilite la vente et l’achat d’armes à feu. Pro-peine de mort, il a fait construire d’avantage de prisons et rédigé un projet de loi responsable de l’incarcération de masse. Il s’est opposé à la protection des migrants, s’est opposé à l’utilisation de fonds fédéraux pour payer l’avortement et a pris parti contre le mariage homosexuel. Biden est accusé d’agressions sexuelles et de nombreux comportements déplacés. En bref, Biden appartient à la même famille politique que Macron ou Sarkozy : une élite néolibérale, sécuritaire, impérialiste.

➡️ Et la vice-présidente Kamala Harris, femme métisse présentée partout comme la nouvelle héroïne de la vie politique ? Elle est l’ancienne procureure générale de Californie, qui a dans ce cadre appliqué une politique répressive, à été mise en cause pour une erreur judiciaire, et s’est taillée une réputation de « procureure dure » dans les tribunaux. En 2004, elle s’opposait à l’assouplissement des peines planchers, en 2016 elle était soutenue par les réseaux policiers aux élections sénatoriales. Le mouvement Black Live Matters lui reproche d’avoir globalement perpétué l’impunité judiciaire pour la police. Elle s’est aussi opposée à la dépénalisation du cannabis, s’est abstenue sur une proposition de loi visant à rendre systématiques les enquêtes indépendantes en cas « d’usage de la force mortelle » par un policier. Peu avant d’être propulsée colistière Démocrate, elle apportait son soutien à Joe Biden « bien qu’elle indique croire aux accusations d’agressions sexuelles portées à son encontre ». Opportunisme.


➡️ Et maintenant ? Aux USA, ce qui se passe ressemble beaucoup à une victoire de Macron contre Le Pen. Une élection par défaut. On sait d’expérience que les Démocrates peuvent faire pire que les Républicains, de la même manière que le quinquennat Hollande a été plus dur que celui de Sarkozy car il n’y avait plus « d’opposition de gauche ». Sous Obama, les crimes policiers et les guerres avaient d’ailleurs continué comme avant, et la police avait continué de se militariser. Le risque à présent, c’est une anesthésie des mouvements de révoltes qui étaient soudés par un « anti-Trumpisme ». Maintenant, il n’y a plus d’ennemi commun. Pour les grandes mobilisations contre le racisme, les violences policières, les inégalités sociales qui ont commencé cet été, c’est donc un nouvelle bataille qui commence.