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LA BAC LUI TIRE DESSUS, LA JUSTICE L’EMPRISONNE ET LE CONDAMNE À PAYER 15000€ AUX POLICIERS

février 20, 2022

Régime de la brutalité et de l’inversion permanente


On parle souvent des violences policières, mais plus rarement de la violence, au moins aussi terrible, de l’institution judiciaire. L’affaire de Nordine en est une illustration terrifiante.

Dans la soirée du 15 au 16 août 2021, à Stains, en Seine-saint-Denis, une fusillade éclate en pleine rue. Un véhicule est la cible de plusieurs coups de feu. Dans l’habitacle, Nordine est accompagné de sa petite amie, enceinte. Le conducteur est grièvement blessé, comme sa passagère. Nordine, touché par plusieurs balles, en état d’urgence absolue, est emmené à l’hôpital. Sa conjointe perd son enfant. La vidéo de la scène, terrifiante, fait le tours des réseaux sociaux : qui sont ces deux individus qui vident sans sommation leurs chargeurs sur une voiture ?

Problème : les tireurs sont des policiers de la brigade anti-criminalité de Stains. Sans brassard, en civil, donc non-identifiables, les agents effectuaient des contrôles routiers. Nordine pensant être victime d’une agression avait essayé de dégager son véhicule. Il raconte : «Je comprends pas ce qu’ils me veulent. Comme je vois pas de brassard de police, je ne pense pas à eux. J’ai cru que c’était des voleurs, des agresseurs. Ils n’ont pas crié ’police’». Il s’agit bien ici d’une tentative d’homicide volontaire par des fonctionnaires de police.

Le jeune homme porte plainte. Mais comme souvent dans le cadre d’affaires de violences policières, les autorités tentent de transformer la victime en coupable et protègent les agents assermentés. Vendredi 18 février 2022, c’est le conducteur qui a reçu 6 balles dans le corps qui a été condamné à 2 ans de prison ferme pour avoir tenté de fuir face à 3 individus ne portant aucun signe distinctif de policier. La justice a reconnu Nordine coupable de «refus d’obtempérer» et de «violence». Il a aussi été condamné à payer 15000€ aux policiers, puis été emprisonné immédiatement après l’audience.

Son avocat Yassine Bouzrou réclame la remise en liberté de son client, et a déposé une plainte contre les policiers pour «tentative d’homicide volontaire» et «faux en écriture publique», ainsi qu’une demande de dépaysement du dossier. Demandes toujours pas entendues par la justice.
Un procureur et des juges ont donc décidé d’envoyer en prison quelqu’un qui a failli mourir à cause d’agents qui n’ont pas hésité à vider leurs armes, sans sommation, sur son véhicule, sans même signaler leur statut de policiers. Et alors même que l’intégralité de la scène a été filmée, et qu’elle ne laisse aucun doute sur les responsabilités, et l’extrême gravité de l’intervention de la BAC. La répression est devenue religion d’État. La France est le pays des droits de la police.