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? L’UNION SACRÉE DERRIÈRE LA POLICE

mai 19, 2021

Ce mercredi, le Parti Communiste, le Parti Socialiste et les écologistes défilent avec Le Pen et Darmanin dans une manifestation policière d’extrême droite


Nous avons, en France, la police la plus armée et la plus violente d’Europe. Les morts lors d’interventions policières se comptent par dizaines, les mutilés par centaines, les blessés et les traumatisés par milliers. Un bilan de guerre, en quelques années seulement. Et une impunité totale, absolue, sidérante. Nous avons en France, une police qui annonce qu’elle votera à 70% pour l’extrême droite, et qui manifeste illégalement armée dans les rues. Une police qui s’autonomise, qui dicte sa loi, qui terrorise. Face à un constat aussi terrifiant, que fait la gauche ? Cherche-t-elle à s’opposer à l’État policier ? A résister à la toute puissance des forces de l’ordre ? A contre-attaquer face au fascisme qui monte ? Rien de tout cela : elle décide d’accélérer le mouvement.


Ce mercredi, le Parti Communiste, le Parti Socialiste et les écologistes vont donc défiler avec Le Pen et Darmanin dans une manifestation d’extrême droite organisée par la police pour faire pression sur le Parlement. Un scénario pré-fasciste, qui rappelle l’entre-deux guerres. A la différence près que, dans les années 1930, la gauche avait su faire bloc contre la montée de l’extrême droite. Aujourd’hui, elle en reprend les mots, les idées, les pratiques, le programme, et l’emmène au pouvoir.


➡️ OPÉRATION DE PROPAGANDE


Le prétexte de cette démonstration de force de la police ? Les « violences » contre les forces de l’ordre, et le « mal être » de la profession. Il suffit de regarder les statistiques officielles pour constater que le nombre de policiers tués en service n’a jamais cessé de diminuer : une quarantaine par an dans les années 80, une dizaine par an depuis les années 2000 – dont une partie lors d’accidents –, et moins de 5 l’an dernier. A titre de comparaison, plus de 12 personnes ont été tuées par la police françaises rien que lors des deux premiers mois de confinement. Plus de 500 personnes meurent au travail chaque année, et plus de 30 000 sont gravement blessées lors d’accidents du travail. Une étude montre que le chômage cause la mort de 14 000 personnes par an, en France. Plus de 40 000 morts sont imputables chaque année à la pollution de l’air. Le fait de matraquer les esprits jusqu’à l’écœurement, matin, midi et soir, sur le « mal être policier » en occultant tout le reste est une entreprise de propagande assumée. Il s’agit en réalité de durcir encore plus la répression, de donner encore d’avantage carte blanche aux violences d’État. Le ralliement de la gauche à cette opération est une collaboration criminelle.


Une exception notable : la France Insoumise, qui tient bon dans la tempête. Certes, le parti propose un programme modéré, mais il reste bien moins inquiétant que l’Union Sacrée du reste de la gauche derrière Le Pen et Darmanin. Un syndicaliste policier, David Le Bars s’est même permis d’annoncer sur BFM TV que les politiques qui ne participent pas au rassemblement « devront assumer » les conséquences. Une menace explicite, contre la France Insoumise et les rares personnalités qui ne cèdent pas totalement au chantage autoritaire.


➡️ L’ANTITHÈSE DES GILETS JAUNES


Les responsables de gauche qui manifestent avec l’extrême droite aujourd’hui étaient les premiers à diffamer et à salir le mouvement populaire des Gilets Jaunes, en le qualifiant de « populiste », de « poujadiste » voire d’extrême droite. De telles brosses à chiottes, incapables de reconnaître un authentique soulèvement social, finissent à présent au fond de la cuvette du fascisme policier. D’une certaine manière, les grognements de la police sont l’exacte antithèse des Gilets Jaunes : les premiers sont soutenus par l’intégralité de la classe politique et médiatique, du PCF au RN, sans avoir aucune assise ni soutien populaire. Les seconds ont été calomniés, réprimés, abandonnés par tous, mais ont tenu bon car il s’agissait d’une colère profonde, soutenue, partagée par une grande partie de la population.

➡️ DÉTRUIRE LA GAUCHE


Pour autant, faut-il s’étonner de voir la gauche appuyer le processus autoritaire et réactionnaire en cours ? L’histoire a déjà tranché. Les responsables de la gauche française ont massivement voté les pleins pouvoir au Maréchal Pétain en 1940, après avoir laissé mourir la République Espagnole, écrasée par les fascistes, et mis les réfugiés espagnols dans des camps. La gauche fournira d’ailleurs certains des collaborationnistes les plus forcenés. Après la guerre, c’est un ministre socialiste, Jules Moch qui donne l’ordre aux CRS d’ouvrir le feu sur les grévistes des mines, en 1947. Durant la guerre d’Algérie, François Mitterrand, ami du responsable pétainiste René Bousquet, va organiser la répression des opposants politiques et renforcer, par décret, l’état d’urgence déclaré en 1955. Des Centres d’Assignation à Résidence Surveillée sont mis en place pour interner les militants algériens. Plus tard, en 1981, c’est le même Mitterand qui crée les Centres de Rétention Administrative, gérés par la police, où sont enfermés les exilés, hommes, femmes, enfants. C’est le socialiste Lionel Jospin qui légalise tests ADN, tests aujourd’hui généralisés. A partir de 2012, c’est le PS qui donne l’assaut contre les ZAD avec des dispositifs exceptionnels, et qui tue Rémi Fraisse en 2014. C’est le PS qui généralise les célèbres LBD, qui militarise la police, qui écrase par la force le mouvement social contre la « Loi Travail ». L’état d’urgence, aujourd’hui permanent, et les lois de surveillance généralisées, c’est aussi le PS de Manuel Valls. Aux traîtres, aux fossoyeurs d’espoirs, il ne reste que la police.


Le rôle historique du PS a toujours été de renforcer l’arsenal sécuritaire qui sera ensuite complété par la droite. Il n’y a finalement pas de « tournant sécuritaire » de cette gauche, qui ne fait que perpétuer la longue tradition, entachée de sang, de ses prédécesseurs. Pire, les attaques menées par la gauche quand elle est au pouvoir ont lieu dans l’apathie généralisée et l’évanouissement des contre-pouvoirs. Pire que la droite. Nous savons à présent que même lorsqu’elle n’est pas au pouvoir, la gauche communiste, socialiste et écologiste choisit de faire bloc, avec l’extrême droite, derrière l’État policier. Ce qui reste de ce petit monde politique est cadavérique et moribond. Il est urgent de l’achever.