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?MACRON COMPARE LES GILETS JAUNES AUX FASCISTES DES USA : POURQUOI C’EST FAUX

février 5, 2021

– Démontage d’une ignoble manipulation médiatique et politique –

Hier, le président Macron a recyclé un petit refrain malsain qui traversait la sphère politique et médiatique en janvier : les néo-nazis américains qui ont envahi le Capitole, à Washington, pour soutenir Trump, seraient l’équivalent des Gilets Jaunes en France. Cette comparaison a été utilisée par tous les valets du pouvoir : Aurore Bergé, figure du gouvernement, tweetait : « Factieux trumpistes aujourd’hui / gilets jaunes hier. » Puis la quasi totalité des élus En Marche et du rassemblement National vont faire cette analogie : « Trump n’invente rien. JLMelenchon et Francois Ruffin ont en leur temps tenté le coup de force institutionnel». Le syndicat de policiers Synergie publiait un message du même type, et les chaînes de télévision reprenaient cette idée en cœur. Pourquoi tout est complètement faux :

➡️ L’extrême droite américaine s’est mobilisée pour maintenir au pouvoir un président en fin de règne. Les Gilets Jaunes luttaient contre le pouvoir, et pour la justice sociale, fiscale, climatique. Des études ont montré que les trumpistes étaient souvent des cadres et des professions bien payées. Les Gilets Jaunes ne manifestaient pas pour un milliardaire à la tête d’un Etat : il s’agissait de précaires, d’oubliés, d’invisibles qui reprennent la parole.

➡️ L’extrême droite américaine se réunit derrière un leader, Trump, à l’appel d’un homme politique, Trump, avec des bannières, des casquettes et des vêtements à l’effigie d’un puissant, Trump. Le tout encadré, planifié, structuré. L’exact inverse des Gilets Jaunes dont la mobilisation a été spontanée et sans leader, sans moyens logistiques, sans représentant, et rejetant les figure du pouvoir.

➡️ L’extrême droite américaine se mobilisait pour un milliardaire qui a fait fortune sur la spéculation immobilière à New York, les Gilets Jaunes sont les victimes de la spéculation immobilière, et luttaient contre les riches, et pour le partage des richesses.

➡️ L’extrême droite américaine a pu rentrer en armes, dans le siège du pouvoir de la première puissance mondiale. Des vidéos montraient même des policiers ouvrir la voie et guider les trumpistes à l’entrée du Capitole. Les Gilets Jaunes ont subi une répression atroce, des milliers d’arrestations, de mutilations pour avoir simplement manifesté.

➡️ L’extrême droite américaine exhibait des symboles ouvertement nazis, esclavagistes, pro-armes. Les Gilets Jaunes étaient un vaste mouvement hétéroclite de gens d’en bas. Les rares éléments d’extrême droite présents au début ont été très rapidement chassés des cortèges pour ne plus en revenir. Aucun mot d’ordre du mouvement ne peut aujourd’hui être rattaché à l’extrême droite.

➡️ L’extrême droite américaine est obsédée par la question raciale. Les Gilets Jaunes n’ont mis en avant que de justice sociale.

➡️ L’extrême droite américaine manifeste pour « la Loi et l’Ordre » et soutien la police. Les Gilets Jaunes ont créé la révolte la plus incontrôlable depuis des décennies en France, en résistant comme jamais à la police.
Il n’y a donc absolument rien en commun entre ces deux mouvements. D’un côté le soutien à un milliardaire, de l’autre une révolte populaire de classe, pour la dignité. La soif de pouvoir d’un côté, le rejet du pouvoir de l’autre. Ce ne sont ni les mêmes gens, ni les mêmes revendications, ni les mêmes enjeux, pas les mêmes moyens, pas le même rapport à la police, pas la même répression…

Cette comparaison organisée par les cercles de pouvoir français révèle, encore une fois, un immense mépris du peuple : finalement, toutes les colères se vaudraient. Le nazisme et la soif d’égalité seraient équivalentes. C’est aussi un choix idéologique, car en réalité Macron soutient et applique les idées de l’extrême droite française : il ne peut donc pas la dénoncer. Macron est d’ailleurs beaucoup plus proche, politiquement, de Trump que ne le sont les Gilets Jaunes. Il préfère donc assimiler les colères dans un même ensemble. Fascistes et anticapitalistes, libertaires et partisans d’un Régime autoritaire, néo-nazis et antifascistes ou Gilets Jaunes : tout ça serait une même chose, une « foule haineuse ». Cette grande confusion alimente l’idée qu’il n’y aurait que deux « camps », les élites néolibérales au pouvoir et les « populistes » dangereux de l’autre. Ce n’est pas seulement un mensonge, c’est extrêmement dangereux. Car à la fin, ce sont bien les fascistes qui récoltent les gains de cette confusion générale et de ces humiliations répétées.